Niveau de vie

Les différentes sources de revenus de familles à El Terrado

L’agriculture et l’élevage procurent peu de ressources aux campesinos. Les revenus financiers proviennent principalement de l’émigration à Santa Cruz, et, dans une moindre mesure, de la vente de produits non agricoles.

 

Les revenus financiers

Jusqu’à 1983, les habitants d’El Terrado couvraient à peu près leurs besoins essentiels (alimentation, vêtements, scolarité) par leur agriculture et leur élevage. Mais la sécheresse causée par El Niño de 1982-1983 a rompu le fragile équilibre économique des habitants de la communauté, qui ne s’en sont jamais remis. L’effondrement des ressources a conduit une partie des familles à « s’exiler » en ville (selon le terme employé par les paysans : exodo) à la recherche d’un travail pour palier cette difficulté supposée passagère à l’époque. Ainsi commencèrent les émigrations temporaires, parfois définitives.

 

Dans la communauté d’El Terrado, les femmes fabriquent, sur des métiers à tisser traditionnels, des phullus, des ponchos, deschuspas, des aguayos ou lliqllas. Elles tissent principalement avec de la laine de mouton, en alternance avec de la laine synthétique. Cette tradition de tissage s’est transmise de génération en génération. L’activité textile véhicule des valeurs artistiques et culturelles propres à chaque groupe de population. Mais les dessins, les motifs et les techniques sont simples car, dans ce domaine également, les connaissances ont été perdues. Actuellement, le groupe des femmes fabrique des tissages, mantas (capes ou manteaux) lliqllas. ou aguayos, des chumpas (pulls) ensuite vendus au marché, en ville, en Bolivie ou à l’étranger.

 

Pratique méconnue jusqu’en 2002, quelques campesinos cherchent aujourd’hui à gagner un peu d’argent en vendant de la nourriture et des boissons autour du terrain de football lors d’un match.

 

La vente de leurs produits agricoles permet aux paysans d’avoir quelques revenus saisonniers. Ils se rendent au marché de Vila Vila, aux foires locales et de Betanzos, Sucre et Potosí.

 

Marché de Vila Vila en janvier 2004
Marché de Vila Vila en janvier 2004

Les campesinos d’El Terrado n’ont pas, à l’exception de quelques familles, la nécessité d’acheter des produits agricoles.

 

Certains habitants ont une qualification et acquit une connaissance lors de leurs séjours à Santa Cruz (comme la maçonnerie, l’électricité, etc.). La communauté ou des membres ont parfois recourt à eux dans le cadre d’une construction et ils seront payés. Manœuvre, le péon est un ouvrier agricole non qualifié rémunéré. Il est en général considéré comme une des personnes les plus pauvres de la communauté car possédant très peu de terres ou à court ponctuel d’argent. Il est dédommagé avec une partie de la récolte ou en argent. Les terradeños donnent ainsi la priorité à ceux qui en ont besoin.

 

Peu d’argent arrive directement de l’extérieur dans la communauté, à l’exception de la retraite d’un habitant ayant travaillé dans l’entreprise de chemin de fer.

 

L’utilisation de ces ressources

L’argent revêtant une double caractéristique et se répartit en deux catégories. L’argent provenant d’efforts physiques (émigration ou travaux agricoles) est réinvestit dans les maisons, les animaux, et autres nécessités familiales. L’argent venant de l’extérieur (du gouvernement ou de l’étranger) est plus facilement dépensé, sans compter.

 

A El Terrado, dès l’instant où un foyer possède de l’argent, il l’utilise rapidement. La notion d’économie et d’investissement est en effet inconnue : l’argent est toujours destiné à acquérir quelque chose de spécifique. Interrogé sur ce qu’ils feraient de l’argent s’ils en avaient, les campesinos à l’unanimité, achèteraient « le nécessaire » pour leurs maisons, leurs enfants, leurs animaux et leurs champs. Chacun affirme qu’il aiderait ses voisins et ceux dans le besoin. Une personne âgée dit qu’« il ne faut pas laisser perdre [l’argent], c’est pour le développement »

 

Dans les années 1970, les terradeños revenaient de l’émigration temporaire à Santa Cruz avec un peu d’argent, mais aussi avec du sucre, du riz, une table ou un lit. L’émigration permit ainsi de transformer peu à peu le confort des maisons. L’usage de l’argent perçu lors de l’émigration diffère en fonction du niveau de responsabilité de l’individu. Le responsable de famille investit son argent pour faire face à des nécessités vitales : achats d’outils, de semences, de vêtements, de matériels scolaires, de produits alimentaires variés pour diversifier l’alimentation. Les jeunes dépensent leurs économies à l’achat de bicyclettes, de vêtements, de chaussures à la dernière mode, de radios et de lecteurs de CD qui forment, la plupart du temps, des trophées décoratifs.